VIRAGE

La vie est une succession d'évènements qui ont un impact sur notre quotidien. Parfois, certains d'entre nous sont confrontés à une épreuve d'une ampleur si forte que ses conséquences iront jusqu'à bouleverser leurs habitudes, leur manière de vivre, voire leur vision de la vie.
Le projet Virage est là pour mettre en lumière ces personnes qui ont vu leur vie prendre un tournant radical, et la plupart du temps, inattendu.
Portrait n°1 - Charlotte
Tout à changé en juillet 2017, quand le diagnostic est tombé : je suis atteinte d'une spondylarthrite ankylosante, maladie qui se caractérise par une inflammation chronique des articulations.
De nombreux sentiments m'ont d'abord submergée et déstabilisée.
Stresser, comprendre, pleurer, réaliser, relativiser, s'adapter et accepter.
Ce fut un apaisement de mettre un nom sur ce mal, source de mes maux, après tant d'années dans l'incompréhension.
Nommer puis comprendre la maladie m'a permis de rêver à nouveau et de prendre conscience de tous les plaisirs éphémères qui se présentent. L'important est de les apprécier, au cas où, demain soit le début de l'immobilité et des gémissements de douleurs, d'une durée toujours indéterminée, qui provoquent en moi frustration et colère. Mais, l'envie, l'espoir et l'encouragement de ceux pour qui je compte sont une force.

Portrait n°2, Léa
Il était près de 17h00, ce 17 octobre 2014, quand ma vie a changé à tout jamais.
Un accident de voiture m’a rendue paraplégique ce jour là. Je l’ai su sur le coup… quand j’ai senti la ceinture me serrer et fracturer l’une des dernières lombaires de ma colonne vertébrale.
A partir de ce moment là, un marathon médical a commencé, coma, réanimation, services hospitaliers divers, centre de rééducation. Il m’a fallu pratiquement 1 an pour réapprendre à vivre en fauteuil roulant, un an de doute, d’espoir, de désespoir, d’envie d’apprendre, de soif de découvrir la vie après la mort. Malgré de nombreuses questions auxquelles je n’arrivais pas à trouver de réponses, quelle femme j’allais devenir ? Aurais-je des douleurs au quotidien ? Serais-je maman un jour ? M’aimera-t-on malgré mon handicap ?
7 ans après cet accident, je suis une jeune femme comblée et épanouie malgré mes roulettes et je n’échangerais ma vie pour rien au monde aujourd’hui.

Portrait n°3, Julien
C'était le 13 septembre 2010, le jour où ma mère a rejoint le ciel sans même que je puisse lui dire au revoir.
A ce moment mon père décide de se concentrer sur sa carrière pour supporter ce deuil.
A 15 ans, j’ai donc dû me construire sans repère, au sein d'une société préférant pointer du doigt les erreurs commises plutôt que de relever l’adolescent en détresse.
Cette période m’amena au plus profond des abysses. A deux doigts d’arrêter mes études, dénigrant ma personne, sans parents pour me guider et avec les huissiers sur le dos pour couronner le tout.

J’ai touché le fond.

Mais la vie m’a offert un véritable tournant grâce à un voyage atypique en Asie du Sud.
Cet aller simple pour la partie du globe la plus humainement riche a littéralement changé ma vie.
Ayant enfin toutes les réponses à mes questions, ma mère peut reposer en paix, car je suis enfin heureux.
Aujourd’hui, je suis fiancé à ma moitié, épanoui professionnellement avec un avenir radieux devant moi.

Portrait n°4, Charlène
Cette sensation que quelque chose n'allait pas dans mon corps, sans raison alarmante d'après les professionnels, ne me quittait pas. Ce fut mon premier combat : que le personnel soignant m'écoute réellement. Le 13 juillet 2021, le diagnostic est tombé : cancer du sein à 25 ans ! Il s'ensuit de lourds traitements, une perte de cheveux, des cicatrices... Et surtout faire face à la mort.
Malgré les souffrances physiques et mentales, il faut trouver de l'énergie pour se battre à chaque instant et continuer de vivre.
La maladie ne me définit pas. Des virages, j'en ai pris plusieurs dans ma vie, de nombreux ont été très heureux. Celui ci n'a pas d'égal. Il reste le plus traumatisant mais, fidèle à moi même, j'avance. Il y a un après et c'est le plus important à mes yeux.
Tout cela renforce mon amour pour la vie, pour mon corps. Je m'écoute, je m'affirme et j'ai appris à m'aimer encore plus.
Aujourd'hui, je peux fièrement dire que grâce à mon intuition et ma ténacité, je me suis sauvée la vie.

Portrait n°5, Sophie
Des frontières nous éloignent, depuis quelques jours le téléphone est trop silencieux, les révisions, les examens sont là ; Noël approche, et son retour tant attendu est programmé ; mais cette nuit là, c’est le virage.
Nos entrailles se déchirent, nos cœurs saignent, se noient dans les larmes et la vie s’arrête : un instant d'effroi... Rien ne sera plus comme avant : Valentin est retrouvé inerte dans son appartement, gisant depuis quatre jours dans son lit, abandonné par la vie.
Notre fils de 21 ans, en troisième année de chirurgie dentaire, polyglotte, sportif, poète, sensible, romantique, beau comme un astre, doux comme ange est emporté des complications d’une banale maladie virale .
Tout a basculé ce jour là.
Et nous comprenons jour après jour que nous ne ferons jamais le deuil de notre enfant.

Portrait n°6, Adeline
C’était le 3 juin 2021, le verdict tombe : je fais une dépression nerveuse. L’impression que mon monde s’écroule car je me croyais plus forte que ça.
L’incompréhension quand tu te persuades que tout va bien dans ta vie. Mais l’inconscient a pris le dessus : j’avais enfoui le décès de ma maman à la suite d’un cancer quand j’avais 20 ans, l’abandon d’un père qui a refait sa vie, les difficultés financières pour survivre, la perte de mon insouciance aussi jeune.
J’ai retenu mon souffle pendant toutes ces années en me cachant derrière ma carrière professionnelle en essayant de ne pas tomber mais la solitude a fait ressortir toutes les choses du passé non guéries.
Des angoisses, l’incompréhension de ce qui se passe. Cette maladie a été un vrai combat, chaque jour a été une épreuve pour m'en sortir, ne pas baisser les bras et résister à la tentation de se laisser partir…
Puis vient l’acceptation de cette faiblesse.
Depuis, j’ai appris à vivre différemment et en fonction de mes envies : je m’écoute plus,
j’accepte mes émotions, je pense à moi avant les autres, j’ai appris à m’aimer, à ne plus chercher la perfection.
Cette maladie a été un déclencheur pour comprendre qu’on vit pour soi.

Portrait n°7, Marine
Depuis quelques années je sentais que quelque chose avait changé dans mon corps.
En janvier 2016, après des examens médicaux, le diagnostic tombe. Je suis atteinte de la maladie de Crohn, une maladie peu connue dont les symptômes invisibles sont handicapants et oppressants au quotidien.

Quelques mois plus tard, quand j’ai compris que cette maladie était en partie liée à l’alimentation, je suis tombée dans l’anorexie pendant 2 ans. J’en suis sortie, pour autant les troubles alimentaires ont tellement pris de la place dans ma vie qu’il peut m’arriver de retomber dedans parfois.

Ma vie a souvent été en danger, mais aujourd’hui, malgré les difficultés que j'endure au quotidien, j'ai su remonter la pente. M'accepter telle que je suis et accepter cette maladie auto-immune qui, malheureusement étant irréversible, ne me quittera jamais.

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